
Des points de vue divergents
Les premières discussions et réflexions entre les actionnaires familiaux du groupe Métin sont intervenues au début de l’exercice 2017. A l’époque, le groupe n’était pas encore vendeur mais des divergences de point de vue sont apparues entre les différents actionnaires. Certains ont commencé à avancer l’option d’une cession quand d’autres privilégiaient la poursuite des activités. Un audit financier a donc été réalisé au printemps par la société Eight Advisory. Celui-ci a mis en évidence que le groupe devait investir plusieurs dizaines de millions d’euros pour poursuivre son développement. Si une vente par appartement a d’abord été évoquée, les actionnaires ont finalement pris la décision de céder l’ensemble du groupe.
Dans le cadre de l’opération dit « d’open bid », le cabinet Carler a donc ciblé entre 50 et 60 potentiels acquéreurs, principalement des gros groupes français mais aussi étrangers avec des chiffres d’affaires à la hauteur, voire supérieurs à celui du cédant. L’absence totale d’intérêt des groupes étrangers contactés permet de mieux comprendre pourquoi ils demeurent peu présents sur le marché hexagonal (à l’exception d’Emil Frey et du groupe Emond). Un deuxième tour de table a permis d’isoler une dizaine de candidats, avec lesquels une lettre d’intention non exclusive a été signée. « Pour chacun d’entre eux, nous avons créé ce que nous appelons des data room électroniques, leur permettant de consulter les informations relatives à l’ensemble des sociétés du cédant », précise Bénédict Vidal. A la fin de l’année 2017, seuls trois repreneurs restaient en course.
Gueudet, le mieux-disant financièrement
Le groupe dirigé par Cyril Gueudet a finalement été choisi sur la base de plusieurs critères : « il était de loin le plus solide sur le plan financier, il a une culture familiale assez proche de celle du groupe Métin et ce rachat lui offrait à la fois une complémentarité de marque mais aussi régionale, détaille maître Vidal. Enfin, il s’est montré le plus efficient dans le processus d’acquisition grâce à la mise en place d’une équipe plus restreinte et réactive ».
Les constructeurs représentés ont-ils eu leur mot à dire ? « Nous avons pris le soin dès le départ d’associer Peugeot et Volkswagen dans les discussions. Mais nous ne pouvons pas affirmer qu’ils ont eu leur mot à dire dans le choix du repreneur. De manière générale, ils peuvent aiguiller ou guider la décision, mais il s’est avéré que les groupes qu’ils avaient ciblés n’étaient pas les plus motivés », précise l’avocat.
Croissance trop rapide ?
Cette cession soulève des questions au regard de l’ancienneté du groupe Métin et surtout de sa croissance au cours des dernières années. A-t-il grossi trop vite, à l’image du groupe Schuller quelques années plus tôt, ou fait de mauvais choix ? Si l’on en croit certains observateurs, le rachat en 2014 de la concession Zanetti Automobiles, représentant Volkswagen et Skoda à Maisons-Alfort (94), ou encore l’acquisition de certaines filiales Peugeot se sont révélés plus difficile à digérer que prévu.
« Le groupe a connu une accélération brutale de sa croissance en l’espace de quatre ans. De fait, les besoins en fonds de roulement augmentent de manière tout aussi importante, expose Bénédict Vidal. La famille Métin avait déjà investi une somme significative pour développer le groupe. Elle aurait pu continuer à condition de débourser encore beaucoup d’argent. De manière plus générale, tous ces projets de cathédrales dans lesquels les groupes doivent investir coûtent extrêmement cher. Aujourd’hui, il faut des ressources financières conséquentes, et certains acteurs qui pèsent entre 200 et 400M€ ne sont pas forcément bien préparés. Il est donc évident que la concentration va s’accélérer ». Un point sur lequel tout le monde s’accorde.